Pendant
trois jours, au palais de justice de Nantes, se déroule le procès de Monsieur D.
Les audiences commencent le vendredi 19
Janvier 2018 et se terminent le mardi 23 Janvier 2018.
« Je le plains, franchement je le plains, personne dans la salle n’aimerait être à sa place », déclare l’avocat de la Défense.
Photographie du palais
de justice de Nantes, Mme L
Tout commence le jour de la naissance de Monsieur D. Né le
25 Mai 1987 à Nantes, il vit avec ses parents et ses huit frères et sœurs.
Quatrième de sa fratrie, il n’a pas de vraies relations affectives avec sa
famille. Sa mère, à Saint Sébastien, vit « un enfer » nous dit
Monsieur D. Celle-ci consacrant plus de
temps et d’affection à sa vie conjugale qu’à ses enfants, elle connaît
plusieurs conjoints, ce qui provoque un énorme manque de repères pour ses
enfants. A l'âge de 14 ans, Monsieur D. assiste à un accouchement précipité de
sa mère dans une situation confuse et un endroit insalubre. Quant au père de
l’accusé, il est alcoolique et violent envers les membres de sa famille. Il
violente sexuellement deux de ses filles, ce qui lui vaut un séjour en prison. Cependant, ce ne sont pas seulement les
membres de la famille proche de Monsieur D. qui affectent sa vie. Son oncle
abuse sexuellement de lui lorsqu’il a cinq ans.
L'accusé, dessin de Rose B. |
A ce sujet, Monsieur D. dit qu’il ne se souvient de rien et
que cela ne l’a pas impacté pour la suite. Cette affirmation de sa part étonne
les personnes présentes dans la salle… Dès son jeune âge, il est placé dans
plusieurs foyers, trois au total.
Les relations avec ses camarades et avec les
éducateurs sont bonnes. Il communique
beaucoup et est décrit comme quelqu’un de serviable, toujours prêt à aider. En
revanche, il est suspecté d’une pénétration anale avec un manche à balais sur
un jeune garçon du foyer. Cette histoire n’a pas eu de suite et reste donc une
présomption.
Il tombe dans la consommation de cannabis à l’âge de onze ans et il
n’a pas arrêté depuis. Atteint de dyslexie, il est tout de suite dirigé vers
une classe SEGPA. Il n’a jamais voulu étudier , « j’ai toujours voulu
travailler, avoir un boulot » dit-il. Dans les premiers de sa
classe , on lui découvre un certain potentiel à l’école, mais il arrête ses études
à 18 ans, après avoir passé son CFG et un CAP en bâtiment.
Il fallait
que ça dérape…
A sa
majorité, il quitte son foyer pour "tracer sa route", comme il le dit souvent .« Chacun sa vie ». Enchaînant les petits boulots mais sans
situation stable, il vit chez sa sœur aînée jusqu’à l’âge de 20 ans. Il reste
chez sa mère un temps, mais le nouvel ami de celle-ci le rejette : il se retrouve seul, perdu, face à l’atrocité
de la rue. Il fréquente beaucoup les
associations d’aide aux sans-abris, où il est décrit comme poli, calme,
respectueux, solitaire et discret. Il y rencontre Johnny, un SDF sorti de
prison. Généreux, serviable et amical. Pour les éducateurs, Johnny semble avoir
pris Didier sous son aile, le comparant à son petit frère. Ils aménagent
ensemble un squat, voulant s’entraider, « dans la rue tout le monde a froid et faim, on va pas commencer à faire
le tri », dit Monsieur D. Tout se passe bien, il fume régulièrement du
cannabis. Mais Johnny rechute dans l’alcool à cause du suicide d’un ami. Une
nuit, Johnny, ivre, frappe sa compagne. D.D ne
l’accepte pas et lui demande à plusieurs reprises d’arrêter.
Le box des accusés - Dessin de Léha C. |
Le
lendemain, une fois de plus, Johnny est ivre. Dans cet état d’ébriété, il devient violent et
tactile, ce qui agace fortement Monsieur D. Celui-ci prend le premier objet qui
lui tombe sous la main, une barre de fer et déverse toute sa colère et sa haine
accumulée depuis l’enfance sur Johnny. Il le frappe à une quinzaine de
reprises, lui provoquant de multiples fractures au crâne, bras, jambes, sous
les yeux de plusieurs témoins. Il saccage ensuite sa voiture et en brise les
vitres. Puis un incendie se propage dans le squat.
Le 9 septembre 2015, Monsieur D. est arrêté
pour le meurtre de Johnny et pour dégradation de bien d’autrui. Il s’est acharné sur la victime sans s’arrêter.
Comme il le dit « mieux vaut tuer
que laisser handicapé ».
Des proches
de la victime témoignent : sa sœur, Lolita, 21 ans, parle de ses relations
avec son frère en racontant des moments touchants de sa vie. Elle fond en larmes
et émeut le public. Contrairement au reste du procès, l’accusé ne dit pas un
mot. L’avocat de la Défense émet des hypothèses : Johnny tapait sa compagne, et
Monsieur D. est un enfant battu par son père.
Lorsque que Johnny est violent avec sa compagne, il
reconnait sa mère sous les coups de son père. Grâce à la plaidoirie de son avocat, l’accusé est condamné à 15 ans de réclusion, sans peine de sûreté.
Juliette G.
Jade P. Rose B. Louna C. Ida G . Léonore.B
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